Agile sans conscience n’est que ruine de l’âme

juil. 4, 2018  —  4 minutes

On est agile, on ne fait pas de l’agile

Des valeurs avant tout

La base de l’agilité est le manifeste agile, c’est un ensemble de quatre piliers véhiculant les valeurs de l’agilité. Tout le monde s’accorde à dire, que ces valeurs sont des guides qui nous permettent de faire des choix dans nos actions quotidiennes.

Il en résulte une culture de l’auto-organisation qui permet de répondre rapidement à son environnement. Les équipes que nous accompagnons deviennent en effet capables de résoudre par elles même les blocages et de mettre en œuvre un ensemble de pratiques afin de s’améliorer continuellement.

Trop souvent résumé aux outils

Si quelqu’un utilise un couteau et une toque, cela fait il de lui un grand chef ? Peut-on dire que c’est un cuisinier ? Ou qu’il apprend à cuisiner ?

Est-il possible de faire autre chose que de la cuisine avec une toque et un couteau ?

A quoi peut-on voir que quelqu’un apprend la cuisine? A quoi peut-on voir qu’il est devenu un grand chef?

Ces questions se posent régulièrement dans les entreprises. Cela souligne entre autre la question des KPIs ou des indicateurs de transformation.

Plus prosaïquement, utiliser un outil d’agiliste sans en comprendre son essence et sa raison d’être, ne fait pas de nous une équipe agile.

Les outils sont un éventail de possibilités

Le fait de voir une multitude de méthodes et d’outils permet d’ouvrir des possibilités et chacun des outils permet un grand numbre d’expériences dont l’objectif est l’agilité de l’équipe.

Par exemple, Xtreme Programming (XP) souligne l’importance du pair programming. Nous avons rencontré des équipes qui ont testé diverses approches de cette pratique, malgré les résistances initiales. Elles ont par exemple expérimenté:

  • Le changement de clavier toutes les 10 minutes
  • L’usage de deux ordinateurs
  • De planifier les sessions
  • De mélanger les compétences

En bref, de multiples expériences pour arriver à comprendre l’enthousiasme des défenseurs d’XP.

Je vous invite à tester vos découvertes !

L’amorçage de l’agilité

La première phase de l’apprentissage consiste souvent à répéter les gestes du maître.

Revenons à notre exemple du TDD, nous avons croisé une équipe qui était très contente de cette pratique et qui commençait à être ralentie par la maintenance de ses tests.

Était-elle passée de l’apprentissage à la compréhension du compromis ou imitait-elle les gestes sans les comprendre, comme dans le culte du cargo ?

Comment discerner si l’équipe est dans une démarche d’apprentissage ou dans un simple mimétisme ?

Mélanger et dépasser les techniques

Expérimenter de nombreux outils et méthodes permet d’en comprendre les avantages et les limites pour ne garder que ce qui permet à l’équipe de livrer plus rapidement du code de qualité et sans bugs.

Maîtriser et comprendre plusieurs techniques, permet d’avoir un impact reproductible sur le réel.

Cela permet à l’équipe de s’adapter aux changements et faire des promesses tenables.

La fin de l’apprentissage ?

L’agile dispose de nombreux outils, il est impossible de tous les connaitre ou de tous les comprendre. En revanche comprendre le pourquoi de chaque pratique proposée ou évoquée en équipe nous semble le principal critère du niveau d’agilité d’une équipe.

De plus, il est toujours possible d’arriver à un niveau de conscience supérieur en voyant une nouvelle face de cet objet abstrait et protéiforme qu’est l’agilité. Contrairement à un objet physique, on ne peut pas en voir toutes les facettes, donc on peut toujours essayer d’en percevoir un nouvel aspect.

L’apprentissage de cet art qu’est l’agilité n’a donc pas de fin, et nous sommes convaincus que chercher en permanence à s’améliorer est indispensable.

Conclusion

L’agilité est avant tout un ensemble de valeurs. Elle dispose de beaucoup d’outils, mais ils ne sont que des ustensiles pour permettre l’expérimentation vers sa maitrîse.

Dans un premier temps, ils permettent d’élargir les possibles. Puis ils pourront permettre d’expérimenter et de s’entraîner, à condition d’éviter de tomber dans le culte du cargo. Ensuite, l’équipe pourra mélanger différents outils ou pratiques et en comprendre le pourquoi afin d’être capable de faire des choix en pleine conscience. Cependant, le chemin, n’est jamais terminé et il est toujours possible de s’améliorer.

Alexis Benoist

Je suis passionné par la transmission de connaissances pour mieux produire des logiciels d’un point de vue technique et organisationnel.

Thomas Clavier

Je suis coach agile chez Azaé, enseignant à l’université de Lille 1 et co-fondateur de Deliverous, mes sujets de prédilection sont l’agilité, devops, docker, le lean startup et l’artisanat logiciel. Depuis plus de 10 ans, j’essaye de transformer le travail en un jeu, faire progresser les développeurs et challenger les managers, poser des questions pour faire grandir les équipes.

Olivier Albiez

Je suis artisan logiciel et coach agile chez Azaé, passionné des méthodes de travail et de l’auto-organisation dans les entreprises. Curieux par nature, je suis toujours à la recherche de ce qui peut améliorer le travail collectif d’une organisation. Je suis récemment co-fondateur de Deliverous. Je suis signataire des manifestes Artisans du Logiciel et Agile.