La maîtrise personnelle

Cet article s’inscrit dans une série sur l’organisation apprenante chère à Peter Senge : Les 5 disciplines de l’organisation apprenante, La maitrise personnelle, Les modèles mentaux, L’apprenance en équipe, La vision partagée et La pensée systémique. J’y parle plus de ce qui raisonne en moi que d’une synthèse du livre. La notion de maitrise personnelle fait beaucoup référence à la notion de trajectoire personnelle et de ma capacité à savoir où je veux aller par rapport à où je suis. Le fil rouge de cet article sera un exemple pour mieux expliciter.

Aujourd’hui

Source Biais
“Est ce que je suis bien aujourd’hui ?” Pour répondre à cette question, je vais sûrement en avoir une deuxième à savoir “bien par rapport à quoi ?” Cela tourne souvent autour de ce qui me motive dans la vie et de dont j’ai besoin pour me sentir bien. Une fois que j’ai une idée de ce que je recherche, je peux essayer de répondre à la question du présent. Je dis essayer car il n’est pas simple d’avoir une image fidèle de soi même. Je pars plus du principe que je sais que ma vision est biaisée et que je ne peux avoir qu’une vision déformée.

Exemple : L’effet Dunning-Kruger est un biais de jugement qui correspond à la tendance qu’ont les personnes les moins compétentes dans un domaine donné à surestimer leurs compétences et, inversement, pour les plus compétentes à sous-estimer leurs compétences.

Avenir désiré

Source Poussin
Ensuite, je vais tenter de me projeter en définissant un avenir désiré. C’est une route possible d’une projection lointaine. Je peux donc décrire des comportements possibles. C’est la réponse à la question : Mettons qu’avec une baguette magique je te projette dans ton futur désiré, qu’est ce que tu vois ? Je qualifie mon avenir désiré par des comportements visibles.

Le changement incrémental dit des petits pas

Source Footprints
A cette étape, je me rend compte que j’ai une tension entre avennir désiré et présent. J’utilise le mot tension dans le sens “écart entre deux points”. Elle n’est pas vu comme mauvaise mais plus comme générateur d’énergie. Pourquoi devrais je bouger si mon présent et mon futur désiré sont les mêmes ?

Peter Senge parle de tension créatrice qui permet l’action. Elle est différente de la tension émotionnelle qui est une conséquence des écarts entre la vision et les efforts fournis pour l’atteindre. Il parle aussi d’une tension structurelle (mon schéma de pensée actuel) qui me pousse plus à ne pas bouger. A l’arrivée, je vais abaisser par l’ouverture et la compréhension de mon modèle mental les barrières qui m’empêche d’avancer. L’idée est d’abaisser le niveau d’énergie minimum nécessaire au changement. N’oublions pas que je ne change pas pour changer, mais bien parce que JE perçois un écart entre mon avenir désiré et mon présent.

Apprendre

Source Scène de crime
J’ai donc décidé d’expérimenter pour me rapprocher de mon avenir désiré. Très bien. Mais comment je saurais que je suis bien en train de me rapprocher et pas de m’écarter. C’est répondre à la question : Comment je sais que je sais ? ou dit autement quels sont les éléments qui me permettront de me dire que j’ai appris ? Je suis dans une démarche d’apprentissage et rien qu’en me posant cette question j’apprendrai plus vite.

Voici un petit modèle d’aide à l’apprentissage :

  • Je sais que je sais : Il s’agit des connaissances que je sais avoir et que potentiellement je suis capable d’expliquer.
  • Je sais que je ne sais pas : C’est déjà faire un grand pas que de connaitre son “incompétence” sur un sujet. Cela veut dire que je peux faire l’effort de l’apprendre et de me poser la question de “Comment je saurai que je sais ?”. Cela peut être que je suis capable de le réexpliquer à une personne qui maitrise ce sujet.
  • Je ne sais pas que je sais : Je sais faire des choses et je n’en ai même pas conscience. Pour passer à la case je sais que je sais, je vais souvent avoir besoin d’un miroir qui peut être une autre personne, un questionnaire,… Ce n’est que par l’autre que je pourrai savoir.
  • Je ne sais pas que je ne sais pas : Je lis souvent que plus je sais moins je sais. Autrement dit, plus j’apprends et donc plus je maitrise des domaines de compétences inconnus, plus je prends conscience d’autres domaines que je ne connaissais pas avant. Cela ne veut pas dire que je vais tenter de tout savoir, je connais ma propre incompétence.

J’entends souvent parler de surinformation et donc de problème à digérer pour apprendre les bonnes choses. Je pourrais même profiter de la science d’autres personnes pour cela. Je pense plus que les questions sont “Qu’est ce que je veux apprendre ?” et “Comment je saurai que je sais ?”. Ce n’est pas une question de moyens, mais plus de résultat recherché.

conclusion

Source As they fly
La maitrise personnelle est une “discipline” continue de clarification et compréhension de mon avenir désiré, d’ouverture et de patience pour voir la réalité le plus objectivement possible. C’est plus un état d’esprit qu’une pratique avec comme conséquence qu’il n’y a pas de fin. Les personnes avec une bonne maitrise personnelle sont conscients de leur ignorance, de leur incompétence et donc de leurs domaines d’apprentissage.

Pour finir, voici deux citations impossibles à traduire en français. Je vous laisse deviner de quel côté penche la maitrise personnelle. REACTIVE : Life Happens to me ! CREATIVE : I Make Life Happen !

Samuel Retière

Développeur, maitrise d’ouvrage, chef de projet, manager, coach agile et maintenant … coach en organisation agile

It is not the strongest of the species that survives, nor the most intelligent that survives. It is the one that is most adaptable to change. (Darwin)