Il y a quelques années je discutais avec Bjarte Bogsnes du temps que prenait une transformation vers Beyond Budgeting. La réponse fut assez simple : « Je ne sais pas, c’est plus un voyage qu’un chemin balisé ». Dans la même ordre d’idée, on pourrait parler de Netflix, Amazon, Zappos & Co. Est-ce qu’ils communiquent sur des plans de transformation ? Euh pas vraiment, ils sont plus dans de l’adaptation permanente. Revenons aux vacances pour se faire un peu plaisir.
Le no stress
Alors là c’est assez simple, je sais à l’avance tout ce qui va se passer. J’ai vu les photos de toutes les chambres, de la piscine,… Je connais aussi les activités possibles et l’heure de celles-ci. Tout est sous contrôle. Est-ce que c’est de ce type de voyage dont parlait Bjarte ? Peu probable
Le routard
Il y a aussi les voyages comme j’aimais le faire. Je prenais mon sac à dos, un billet aller-retour et c’est tout. Je découvrais aussi des piscines, mais pas les mêmes. L’intérêt de voyager ainsi, c’est que j’étais très mobile et donc je m’adaptais très facilement à ce que je découvrais. J’aime un endroit et bien je reste. Je n’aime pas, je vais ailleurs. Quelqu’un me conseille un endroit sympa et bien j’y vais. C’est le voyage dans le sens où je découvre au fur et à mesure la culture locale. Le premier endroit que je fais à une incidence sur la suite. Est-ce que la transformation de Statoil a suivi ce chemin ? J’ai du mal à me dire que oui.
Le père de famille
J’ai bien dit que j’aimais faire parce que je ne voyage plus comme cela. Quand on a des enfants, ça devient un peu plus sport de ne pas savoir où on va dormir le lendemain soir. J’opte maintenant pour des plans modulaires. J’ai toujours la possibilité de changer le programme au sein d’options que j’ai défini au départ et qui vont aussi bouger en cours de route. Je connais les gros points de passage et j’ai une idée de ce que je veux voir, mais j’ouvre le champ des possibles car je ne connais pas à l’avance la culture.
L’invitation au voyage
Le changement par le changement permanent, c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette approche. Je définis au début une vision de là où je veux aller. Il s’agit plus de se donner une idée de ma cible à dix ans. On cherche une échelle de temps lointaine pour ne pas tomber dans l’exécution. Cette vision sera ensuite redéfinie au fur et à mesure des découvertes car aucun plan de bataille ne résiste au premier contact avec l’ennemi. Ensuite, je me pose la question des premiers pas que je peux faire pour aller dans cette direction. Je peux même me projeter plus loin, mais cela sera à base de plans modulaires. Mes premiers pas peuvent réorienter mon intention initiale.
Le changement tout le temps
L’avantage de voir le changement comme permanent, c’est qu’il n’y a pas d’a-coups artificiels. Il y a une culture d’amélioration continue qui pousse à toujours progresser. On pourrait se dire que cela ne permet d’avancer que par petits pas, mais mon expérience infirme plutôt cette version. J’ai bien vu de gros changements. La difficulté tient à l’usure que cela peut générer et le phénomène « Jamais content ». J’ai déjà entendu des phrases du type « On ne pourrait pas faire une pause ». C’est pour cela qu’il est intéressant voire primordial de célébrer au fur et à mesure du chemin. Autre point qui peut être vu comme négativement, c’est que l’on ne vise pas par défaut la cohérence d’ensemble car l’amélioration peut être très contextuelle. Il est aussi nécessaire de faire circuler les réussites comme les échecs au sein de l’écosystème. Nous avons naturellement tendance à parler des succès, mais moins des échecs. J’ai souvent vu une équipe tenter, conclure que l’expérimentation n’est pas concluante et s’arrêter là. Quelques temps plus tard, une autre équipe tente la même chose et arrive à la même conclusion. Et ainsi de suite.
Autres tactiques :